Du joueur de jeux vidéo à l’e-sportif : vers un professionnalisme florissant de l’élite ?

Résumé

Sous l’oeil dubitatif du reste de la société, qui tend à voir dans le jeu vidéo une activité ludique et puérile, les joueurs de jeux réseau parlent d’e-sport 2, de pro-gaming et de pro-gamers, autrement dit de sport électronique, de jeux et de joueurs professionnels. Malgré l’apparente incongruité de cette situation, elle s’inscrit dans une question récurrente quant aux jeux vidéo, posée par Aarseth lors d’une conférence à Bristol en 2001 : « Les jeux vidéo, sont-ils de l’art, sont-ils des fictions, sont-ils une activité sociale ou bien s’apparentent-ils au sport ? ». Sans doute tout cela à la fois… Mais dans quelles proportions ? Notamment, à quel point sont-ils sportifs ? Quelle est la forme et le degré de leur professionnalisation 3 actuelle et à venir ? SPORT « PHYSIQUE » VERSUS JEU VIDÉO « VIRTUEL » : UNE REPRÉSENTATION À AFFINER Le sport, une activité physique ? A la question « Qu’est-ce que le sport ? », la plupart d’entre nous répondrait spontanément que « c’est physique », que cela implique de « bouger »… Ce seul critère du mouvement 1 Philippe Mora est étudiant en DEA et Stéphane Héas sociologue à l’Unité de Formation et de Recherche en Activités Physiques et Sportives de l’université Rennes 2. 2 Dans la lignée d’e-mail, e-sport vaut pour electronic sport. 3 A ce mot sociologiquement inexact ici (Loirand, 2002), lui seront préférées « marchandisation de la performance » et « rémunération des champions ».