sportetstyle.fr Publié le 8 novembre 2017 par Charlotte Onfroy-Barrier
Depuis quelques semaines, le Philadelphia Union en MLS a recruté… un tatoueur en chef dans ses rangs. Une première dans le monde du foot qui traduit l’importance et une certaine obsession du tattoo dans l’univers du ballon rond et plus largement du sport. Retour sur ses origines, ses meilleurs ambassadeurs et ses risques.
En février dernier, le Philadelphia Union prolongeait le mercato avec une annonce bien particulière. Le club de MLS avait annoncé sur son site internet être à la recherche d’un « tatoueur en chef ». C’est désormais chose faite : depuis le 24 octobre, Jay Cunliffe, tatoueur professionnel, a rejoint les bancs du club aux côtés de l’entraineur, du kiné et des médecins.
Le Philadelphia Union est la première équipe, tous sports confondus, à s’adjuger les services d’un tatoueur. Pourtant, beaucoup de sportifs présentent cet art sur leur peau. Selon le site internet Folha de S. Paulo, aucun joueur de l’équipe brésilienne de football n’arborait de tatouage en 1998. Lors du dernier Mondial, en 2014, contre la Croatie, seul David Luiz n’en avait pas. Et le phénomène dépasse largement le Brésil. Antoine Griezmann, Neymar, Sergio Ramos, Zlatan Ibrahimovic ou encore Manuel Neuer : le onze des joueurs tatoués aurait fière allure.
Cissé et Beckham, ambassadeurs du tatouage
Djibril Cissé est un des premiers footballeurs à céder à l’appel du tattoo. À la fin des années 1990, l’ancien international français affiche des ailes d’ange dans le dos, un tatouage tribal sur la cuisse puis des motifs polynésiens, une toile d’araignée sur le coude ou encore une tête de mort sur le haut des abdominaux. Mais c’est l’Anglais David Beckham qui lance véritablement la mode dans le vestiaire. Selon Stéphane Héas, sociologue des expressions corporelles, il y a eu « un avant et un après David Beckham ». Le joueur en compte, à ce jour, quarante : le prénom de ses enfants, sa date de naissance, le portrait de sa femme, des messages personnels ou encore des proverbes chinois… Bref, la star anglaise n’hésite pas à les exhiber lorsqu’il pose en sous-vêtements dans de (très) nombreuses campagnes. Ce qui a permis de transformer petit à petit l’image que revoit le tattoo.
Parallèlement, les émissions télévisées et shows sur l’American way of life se diffusent en Europe et alimentent cet engouement. Rapidement, les tatouages envahissent les stades et les tribunes. Les sportifs deviennent, au-delà de leurs performances, des icônes et des figures d’identification pour les fans. De nombreux amateurs de sport se ruent dans les salons de tatouage pour recopier les motifs de leurs idoles
Des messages personnels
Les motifs varient selon les sports, les athlètes et les pays. Dans le football, ces inscriptions sur le corps traduisent surtout la volonté de se démarquer. Entre les maillots, les sponsors et les coupes de cheveux relativement proches, les tatouages permettent au footeux de se distinguer aux yeux du public. À condition d’être un joueur médiatisé. Pour les athlètes qui ne sont pas sous les feux de la rampe médiatique, les tatouages sont beaucoup moins instrumentalisés car « les enjeux d’exposition et de reconnaissance publique ne pèsent pas autant » estime Stéphane Héas.
En février 2015, Zlatan Ibrahimovic avait d’ailleurs joué de cette médiatisation. Durant la rencontre entre le Paris Saint-Germain et Caen, le Suédois avait célébré son but en enlevant son maillot et en exhibant son corps recouvert d’une multitude de prénoms. Le joueur avait écopé d’un carton jaune pour cette manifestation interdite par le règlement et avait expliqué en conférence de presse ces inscriptions étaient temporaires et représentaient le prénom d’individus souffrant de la faim dans le monde. « Partout où je vais les gens me reconnaissent, m’appellent par mon nom et me soutiennent. Mais il y a des noms dont personne ne se soucie et que personne ne soutient : les 805 millions de gens qui souffrent de la faim dans le monde aujourd’hui », avait-il expliqué devant les caméras. Opération communication réussie.