Les plages ne sont pas des espaces neutres. Kaufmann a montré d’une manière magistrale ce qu’il convenait ou non de faire sur le sable suivant que l’individu est, à ses propres yeux, proche des canons de beauté du moment (1995). Sa démonstration concernant les seins nus féminins guide la nôtre à propos des femmes voilées sur les plages d’une petite ville tunisienne. Comme pour les seins nus, des différences notoires sont repérables suivant que le corps féminin est partiellement ou presque totalement recouvert, suivant aussi que le corps est svelte ou non.
Les personnes sur la plage regardent et sont regardées, en ce sens le regard des uns sur les autres est essentiel. La vue, l’œil, participent d’un système complexe de « jeux du paraître ». Notre approche privilégiée dans ce premier essai n’a pas donné la parole directement aux femmes voilées, principalement en raison du barrage de la langue. Elle s’appuie par contre sur des observations et un carnet de bord journaliers, complétés par des discussions informelles avec quatre informateurs tunisiens privilégiés (deux natifs, deux expatriés, dont une femme). Ces « obtenues » (Latour, 2001, 49) aboutissent à la congruence de certains indices. Il reste que ces derniers sont excessivement rares comme le souligne fort à propos Kaufmann (1995, 118). Néanmoins, certains nous semblent pouvoir établir les prémices de quelques mises en scènes sur la plage des femmes voilées. Cette ethnographie tunisienne nous permet de préciser un petit recoin des clivages orchestrés au Maghreb de nos jours. Ici comme ailleurs agissent des inégalités socioéconomiques flagrantes.
Dans cette petite ville portuaire, les modes de locomotion sont significatifs à cet égard. A côté des 4X4 ou des pick-up rutilants les mobylettes d’un autre âge se fraient tant bien que mal un passage… lorsque la majorité de la population se déplace à pied. L’éloignement du centre ville et plus encore des bords de mer constitue un indicateur efficace de ces inégalités économiques, en Tunisie comme ailleurs. De ce point de vue, être en périphérie n’est jamais un vain mot. Les marges sociales sont peuplées de personnes Outsiders, qui sont parfaitement conscientes de ces différences de statuts (Héas, 2005). L’analyse des occupants des plages, et plus encore des valeurs attribuées à telle ou telle plage permet de saisir cette ampleur des inégalités. Elle permet de mieux saisir les phénomènes d’exclusion, d’autolimitation aussi. Car sur la plage, les régulations sociales sont respectées sans formalisation précise. Certaines plages sont occupées préférentiellement par les populations les plus pauvres, d’autres plutôt pour les touristes, d’autres enfin par les Tunisiens. Ces usages sont mobiles, mais les habitudes sont ici aussi tenaces. Ce qui apparaît comme un espace sans délimitation apparentes s’avère particulièrement codifié.
Ces exclusions plus ou moins exclusives, plus ou moins brutales de l’espace public de populations entières révèlent les enjeux importants qui se trament dans des espaces a priori voués à la détente. D’ailleurs, un événement spécifique est connu de tous dans cette ville. Il y a plusieurs années, un propriétaire a construit un mur, privatisant ipso facto un carré de plage. Des habitants, habitués à traverser cet espace ont détruit l’enceinte, non sans résistance du propriétaire, qui a utilisé des chiens de défense pour faire fuir les résistants. Depuis, revanche symbolique ou ironie du sort, les rochers en face de cette maison de bord de mer sont devenues des toilettes publiques informelles… Au-delà de cet événement et de l’analyse des inégalités socioéconomiques, notre regard sociologique s’est plus particulièrement focalisé sur le port des voiles, et plus largement des tenues de bain censées dissimuler les formes des corps féminins. Sur le modèle du regard des hommes sur les seins nus, nous proposons ici une analyse par l’image principalement et à l’aide d’un recueil dans un carnet ethnographique des usages relatifs à ces tenues de bain traditionnelles et/ou islamiques. A ce titre, nous avons élaboré ex ante deux hypothèses. Selon la première, le voile participe logiquement d’une parure prestigieuse pour certaines tunisiennes. Le vêtement de bain dont le voile n’est pas le moindre accessoire révèle aux yeux de toutes les personnes présentes sur la plage le statut et la richesse de la voilée. En effet, les bijoux, notamment ceux reçus lors du mariage sont portés avec fierté dans nombre d’occasion. Aller à la plage peut constituer un tel moment pour certaines femmes tunisiennes. Selon la seconde hypothèse ces tenues de bain interviennent dans une mise en scène corporelle censée démontrer une soumission aux préceptes, notamment religieux et/ou traditionnels. Entre les deux, agissent des différences de génération, mais aussi des différences de port de ces vêtements de bain. Au-delà de leur utilité de protection contre le soleil ou bien le sable, ces tenues de bain soulignent beaucoup d’autres choses. Elles révèlent les relations aux hommes, donc au sexe, mais aussi aux étrangers, aux enfants présents, etc.
Des plages à éviter, d’autres à investir ?
La médisance, voire l’indifférence, sociale est un ressort efficace de l’action humaine. Nous avons pu le démontrer à propos des relations « à plaisanterie » entre les jeunes collégiens et lycéens de trois régions françaises (Héas et al., 2008). Les blagues, les injures, etc., ne sont pas les moindres des vecteurs pour discréditer l’Autre : l’étranger, le différent d’un point de vue corporel, social ou psychologique. Ce phénomène du discrédit social s’arcboute souvent sur les mises en scène corporelles. La « pollution » de et par l’Autre est une approche souvent utilisée (Douglas, 1969). Celui que l’on veut maintenir à distance est décrit comme « sale ». Indirectement, la plage qu’il occupe ne peut être saine. Il s’agit alors selon les conseils réitérés d’un ami tunisien expatrié de « changer de plage, de changer de fréquentations (dixit) », de personnes à éviter absolument.
Dans ces jugements à l’emporte-pièce, se mêlent à la fois des éléments objectifs et d’autres qui, tout autant efficaces, fonctionnent à l’aune du symbolique. Les noms donnés aux plages sont intéressants à rapporter. La plage qui jouxte le port, la Marsa, fait presque l’unanimité contre elle aujourd’hui. La construction du port lui-même participe de ce discrédit. Mis en œuvre par le pouvoir politique à une période donnée, il a permis l’essor incontestable de la ville… en sacrifiant la plage elle-même. Il a fermé l’accès des eaux atlantiques, limité le brassage marin, et progressivement réduit à portion congrue l’étendue de sable. Hier magnifiée, cette plage est désormais l’objet d’un discrédit appuyé. Le matin de bonne heure, elle sert de lieux de toilettes pour nombres de personnes. Ces ablutions matinales se déroulent dans un calme serein face au personnel municipal chargé de nettoyer la plage. L’accès principal à cette plage consiste en un espace qui s’emplit d’eau de mer en automne notamment et qui voit la prolifération des moustiques. Par contagion, cette plage est considérée par certains habitants comme infestées… de personnes peu fréquentables. Des poubelles rudimentaires sont en place, elles ne sont pas utilisées à bon escient le plus souvent. Les poissons morts et divers détritus encombrent souvent cette plage… que le vent de terre nettoie régulièrement en expédiant le tout au large.
A l’opposé à la fois géographiquement et socialement, la Mansoura (nom d’une plage célèbre proche de Tunis, la capitale) est le lieu sain par excellence. Elle est considérée comme bénéfique : « une semaine à s’y baigner par an permet d’éviter les maladies pour toute l’année ! ». La sainteté de cette plage est déclarée à la fois chez cet enfant du pays exilé en France depuis de nombreuses années, un brin nostalgique et chez un modeste habitant de la ville. Cette représentation hygiénique n’est pas sans fondement objectifs : elle réfère aux courants marins atlantiques – plus froids – qui longent la côte nord du continent africain jusqu’à cette plage. Elle est balayée par un vent qui est salutaire lors des grosses chaleurs. Ces courants bénéfiques sont d’une manière drastique écartée par le port, confinant l’eau de la Marsa. La Mansoura est une grande plage, la plus occidentalisée en apparence : la musique va bon train. Elle est le théâtre de manifestations de frime de la part des rares jet-skis.
Le « Petit Paris » et la Fatra sont des criques plus que des plages rassemblant surtout les familles d’expatriés ou de riches tunisiens. Certains des occupants habitent directement sur cette plage. Le prix des maisons est exorbitant, même pour eux. Il n’est pas rare d’observer une femme apporter son propre transat sur cette plage en sortant directement de son jardin. La langue française est parlée haut et fort, et une oreille attentive peut être renseignée sur les loisirs préférés et les pays fréquentés par ces plagistes (l’Europe et souvent les pays arabes, dont l’Arabie Saoudite). La Fatra bénéficie même, à l’occasion, d’un éclairage privé qui permet de prolonger le plaisir tard le soir. Toutes deux sont le théâtre d’ostentations matérielles : mouillage de hors-bords.
La plage des Belges apparaît mixte, contrairement à son appellation elle n’est pas occupée exclusivement par des étrangers, aujourd’hui ; des familles modestes s’y retrouvent également. Ils doivent pour cela traverser l’immense hôtel construit à flan de plage. Enfin, Sidi Mansoura est l’ancienne plage des cultivateurs qui progressivement est colonisée par les touristes, hébergés à l’hôtel proche. S’en suivent des usages touristiques comme des séances de ski ascensionnel ou des balades en dromadaires. Son appellation fait référence au sage soufi Sidi Mansour. Elle est de loin la plus sauvage et la plus grande. Elle est occupée aussi par des Tunisiens. Cette plage apparaît la plus controversée. Selon certains, elle est le refuge des amoureux et des relations extraconjugales bien comprises, pour d’autres celui des buveurs d’alcool qui désirent rester discrets[1] et des filles de mauvaise vie, et pour d’autres, elle est le repère des femmes voilées les plus intransigeantes en apparence. C’est la seule plage où sont implantés parfois de longues semaines des campements : des familles s’installent et vivent ainsi deux ou trois jours, ou plus le long de ce rivage venté. Prochainement, des constructions hôtelières l’aménageront durablement… et transformeront plus encore ses utilisations et occupations.
A ce premier descriptif, il faut ajouter beaucoup d’autres éléments qui modulent le caractère positif de telle ou telle plage. Cela dépend, en effet, du point de vue adopté et de la personne qui l’émet. Si la Marsa est considérée par la plupart des personnes comme malfamée, elle est particulièrement sécurisée dans la mesure où les personnes qui s’y trouvent se connaissent et se reconnaissent tous. Aucune crainte de vol ou de perte d’objets incongrue. Sur les autres plages, situées à quelques encablures mais en dehors de la ville, la sécurité des biens n’est plus autant assurée. Il s’agit de surveiller ses affaires. Plus fréquentées, elles rassemblent des caractéristiques « modernes » : présence d’un sound system, de produits de consommations, de campagnes publicitaires, d’un passage de personnes étrangères aux cercles des habitués, etc. Elles sont à la fois moins chaudes d’un point de vue climatique et plus insécures d’un point de vue matériel, malgré ou à cause de la présence de matériels. En outre, elles sont, sauf Sidi Mansour, plus dangereuses en raison de la présence de rochers à fleur de plage. Toutefois, personnes ne se plaint de leur présence. Pas de blessures observées, ni de pleurs suite à un choc contre eux. Ces plages davantage valorisées sont aussi le terrain de comportements habituels et acceptés en Occident. Une femme en bikini y est copieusement « matée » par les adultes confirmant littéralement le modèle dominant décrit par Kaufmann : les regards sont discrets et jamais fixes. Ils appartiennent en Occident à la figure stéréotypique du « mateur » (Kaufmann, 1995, 104). Faisant fi de ces précautions usuelles, des jeunes garçons (8-12 ans) peuvent s’installer en toute impunité pour regarder fixement les parties dénudées féminines… quelques fois à moins d’un mètre ! Ils peuvent, sans réaction de l’intéressée, persister pendant de longues minutes sans que cela ne pose de problème aux adultes aux alentours. Ce qui serait par contre difficilement toléré en Occident. Preuve que le corps féminin couvert versus découvert est un nœud interactif essentiel comme nous le précisons maintenant.
Des tenues féminines remarquables
Les plages sont, désormais, en Occident tout au moins, des lieux où les corps sont largement dénudés. Certaines sont entièrement naturistes… ce qui paraît complètement incongru dans ce coin reculé de Tunisie. Dans ce pays, ces dernières années cohabitent des bikinis féminins et des tenues recouvrant presque totalement les corps des jeunes femmes, des mères et des grands-mères. Lorsque l’on s’éloigne de la capitale et des centres touristiques, la présence de bikinis baisse sensiblement. Il n’est pas dans notre intention de réaliser une histoire de ces vêtements de plage. Des analyses précisent ces évolutions en France comme ailleurs. Aux cabines totalement fermées du début des XIX et XXème siècles, en passant par les tenues de bain complexes, recouvrant les jambes et les épaules, jusqu’au monokini actuel, les changements sont flagrants. Des variations sensibles sont à l’œuvre ici ou là à la fois dans les pratiques et les réglementations (Dalloz et al., 1848 ; Boyer, 2005). Nous nous bornerons dans ce qui suit à préciser ce que nous avons pu directement observer au cours de deux étés successifs dans une localité précise, sans volonté d’extrapolation. Ces observations interrogent le processus de contrôle de soi ou des autres évoquées dans de nombreuses enquêtes sociologiques, ethnologiques ou historiques.
A la soi-disante libération des corps et des mœurs, il faut donc souligner l’importance de l’intériorisation, si ce n’est de l’affinage des règles à l’encontre des corps, mais aussi la résurgence de contraintes vestimentaires ; le voile et la tenue de bain intégrale participent de cette oscillation entre libération et contrainte. Ainsi, sans même qu’elles en aient conscience – à l’instar de l’enquête référente – les femmes voilées semblent se regrouper entre elles (photo 1).
Le plus souvent, en effet, les voilées sont côte à côte. Elles n’arrivent généralement pas les premières sur la plage, et en repartent plus rapidement. Parfois, elles arrivent plus tard vers 19H. Ce faisant, elles semblent éviter les pics de fréquentations. Des observations systématiques et un comptage précis confirmeraient ces remarques ponctuelles. Elles sont presque toujours en famille. Sont regroupés habituellement la mère et ses enfants en bas âge et la grand-mère. Une sœur ou une belle-sœur complète souvent le tableau. Au final, les femmes voilées se remarquent immanquablement puisqu’elles sont au minimum trois, ensemble… Cette première caractéristique n’empêche pas d’observer quelques fois la promenade en binôme le long du rivage d’une jeune fille (dés)habillée à l’occidentale et d’une autre fortement voilée, c’est-à-dire arborant une tenue stricte : couleur noire dominante, cou emmailloté, chevilles dissimulées, y compris parfois avec des élastiques passant sous les pieds. De même, deux ou trois fois sont apparues des groupes mixtes avec une majorité de femmes voilées et une seule femme en bikini. Comme le montre la photographie, les regards des uns et des autres vers la femme découverte sont insistants au point de pouvoir prendre plusieurs photographies à la suite (photo 2).
Au demeurant, nous pouvons résumer ces entames observatoires en soulignant les différences générationnelles du voilage sur les plages. Généralement et d’une manière un peu schématique, les tenues de bain s’échelonnent en fonction de l’âge. La jeune femme porte généralement un chignon couvert d’un voile. Ses jambes sont couvertes strictement, parfois jusqu’aux chevilles. Ses cheveux sont rarement visibles, notamment à la base du cou. La mère, elle, porte une doublure supplémentaire au niveau de la nuque ; elle est reconnaissable par une corpulence plus importante. La grand-mère porte un couvre-tête ample qu’elle utilise souvent en le serrant entre les dents lorsqu’elle fait face à un homme. Seule cette dernière est enterrée dans le sable en guise de rafraîchissement. A ce titre, la tenue complète assure une protection efficace par rapport au sable…
Saisir « le banal ordinaire »
Cette expression de J.C. Kaufmann est particulièrement intéressante concernant ce terrain. Elle indique l’importance à accorder aux gestes quotidiens, banals (1995, 127). Sur la plage, la plupart des comportements sont usuels : se lever, s’assoir, s’allonger, manger, boire, parler, rire. L’analyse montre toutefois que ces actions organisent et distinguent les plagistes entre eux/elles. Là comme ailleurs, les personnes éloignées de la sveltesse ne s’impliquent pas dans les sports de plage par exemple, et notamment le volley, véritable institution dans cette ville. Cette distinction fondamentale entre les pratiquants se retrouve donc sur le sable, en France comme en Tunisie. Deux fois, nous avons assisté à la participation de jeunes femmes voilées aux activités physiques ; l’une jouait à un jeu de raquette avec une jeune en bikini (photo 3), l’autre, mariée, voilée de blanc de la tête aux pieds a longuement joué au football avec son mari, à l’écart de la foule, sur la plage la moins peuplée (photo 4).
Même les comportements liés à l’eau sont courants : s’asperger, s’immerger, se rincer, etc., sont des comportements qui sont observés à la fois en privé (salles de bain) et en public (piscines, hammam). La plage a pour particularité sans doute de concentrer en quelque sorte l’ensemble de ces gestes et d’être un poste d’observation circonscrit en même temps qu’il est ouvert sur le large, l’horizon. La plage est par conséquent un espace où chacun est vu de l’autre, surtout, où les moyens de se cacher sont restreints. L’entrée, l’immersion et la sortie de l’eau d’une femme voilée relève de cette économie des gestes au vu et su de tous. Elles ont été l’objet de nos observations précises tant elles focalisent l’attention sur le sable chaud estival. Et là, la différence saute aux yeux. Lorsque les Occidentales vérifient avec force toucher le bon emplacement des bonnets de leur soutien-gorge, voire que leur slip n’entre par trop entre leurs fesses, les Tunisiennes voilées sont confrontées à d’autres contraintes physiques et sociales. Le plus souvent les tenues couvrantes font leur office : la peau de ces femmes est à l’abri du soleil, du sable et… du regard des hommes. Une fois, l’une des femmes voilées a laissé découverte deux centimètres de la peau de son dos, face au soleil, après son retour de la mer. Cette exposition partielle était parfaitement invisible pour ses proches. En position agenouillée, face à la mer, elle a profité avec un plaisir manifeste des rayons du soleil sur cet endroit limité pendant plusieurs minutes. Ensuite, avec précision et discrétion, elle a réajusté sa tenue et couvert son dos, en changeant de position assise. Ce faisant, elle a quitté sa posture, mais aussi elle a rompu le silence qu’elle observait dos au soleil pour parler à nouveau avec ses proches…
Pour les femmes voilées, les difficultés surviennent surtout au contact de l’eau. Les tenues couvrant leur corps, une fois mouillées, deviennent en effet très « collantes ». A leur fonction originelle de couverture du corps s’adjoint une fonction totalement opposée : l’eau plaque littéralement le tissu au plus près de leurs morphologies. C’est pourquoi, sans leurs interventions pointilleuses, ces voiles trempés ressembleraient à s’y méprendre à un concours de teeshirt mouillés des plus sexys. L’entrée dans l’eau déjà n’est pas chose aisée puisque le vent, les vagues compliquent singulièrement leur tâche. L’accès à l’eau est donc délicat : les femmes s’évertuent à maintenir en place leur voile couvre-tête, dissimulant leurs cheveux. Certaines possèdent plusieurs voiles pour dissimuler leur chevelure, objet d’attention et de contrôle comme l’ensemble des poils humains (Bromberger, 2005 ; Héas et al., 2007). Elles doivent souvent renouer l’un d’entre eux, celui qui couvre leur nuque. L’immersion augmente la difficulté lorsque l’air est emprisonné sous ces nombreuses couches de vêtements, notamment pour la robe qui recouvre leur tenue. Ce qui arrive éventuellement aux hommes munis d’un short de bain est multiplié ici par l’importance et la complexité des tenues féminines. Deux autres fois, nous avons assisté à une attention vestimentaire quasi obsessionnelle. La première femme voilée vérifiait sans cesse que la fermeture de sa sur tunique dans le dos était bien remontée jusqu’en haut. Elle répétait ce geste presque à la suite de chaque immersion, alors même qu’elle portait une tenue noire au-dessous dissimulant l’intégralité de son dos. La seconde jeune femme faisait le même geste de réajuster les bretelles de sa sur-tunique à chaque immersion. Cette gestuelle pudique, parfaitement intériorisée, renforçait l’attention potentielle à l’endroit de ses épaules… qui sont l’objet d’une convoitise toute particulière au Maghreb.
Le pire peut arriver lorsque le plongeon sous l’eau est trop rapide ; à la sortie, la tête est découverte. Par deux reprises nous avons pu observer le geste prompt d’un mari qui remettait en place ce morceau de tissu sur les cheveux de son épouse… avant même que celle-ci n’ait eu le temps de s’apercevoir de cette « déconvenue ». Un autre couple s’est distingué. Le mari a passé de longues minutes à renouer fermement les lacets qui maintiennent les pantalons de bain de son épouse… dans l’eau. Pour tenir son équilibre, la femme s’appuyait sur l’épaule de son mari. Ce contact prolongé entre mari et femme est le deuxième et dernier que nous avons eu l’occasion d’observer directement durant l’ensemble de ces semaines sur place. Finalement, ne réussissant pas à nouer les pantalons, il a fini par abandonner et réaliser des ourlets. En sortant de l’eau, la femme exposait ses chevilles alors même que la tenue qu’elle portait était censée les dissimuler. Ces observations soulignent que le contrôle vestimentaire n’est pas une affaire strictement individuelle, nous y reviendrons par la suite.
La sortie de l’eau est le moment crucial pour les femmes voilées. Leurs tenues mouillées épousent précisément leurs morphologies. Elles sont donc contraintes de décoller plusieurs fois les tissus plaqués. C’est plus particulièrement le cas au niveau de leur pubis et des jambes. Elles s’évertuent donc à écarter leurs vêtements en décollant les parties couvrant leurs cuisses, principalement. Ce faisant elles décollent le tissu plaqué au niveau de leur bassin. Ces petits gestes répétés, trois à quatre fois en moyenne, sont réalisés sans un regard, sans baisser la tête, tout en marchant. Le vent complique souvent cette gestuelle pudique. Singulièrement, les seins font l’objet d’une attention différenciée. Trois stratégies sont observées. Certaines en sortant de l’eau croisent leurs bras, conscientes que leur tenues mouillées les moulent. Les bras cachent soit uniquement les seins mais c’est plus rare, soit les seins et le pubis en même temps. D’autres ont pris la précaution de porter plusieurs vêtements l’un par-dessus l’autre. Cette couverture multiple réduit sensiblement les saillances des formes féminines. Sinon, le buste des femmes voilées est particulièrement mis en valeur à leur sortie de l’eau. Cela n’éveille aucune manifestation particulière concernant les mères et les grands-mères. Leurs poitrines saillantes à travers leurs tenues sont montrées sans restriction lorsqu’elles regagnent le sable. Pour quelques rares cas de jeunes filles pubères présentes sur les plages de cette ville côtière, portant un bustier ou une tenue par-dessus leur maillot de bain occidental, ce plaquage frisait la démonstration sexy. L’une d’elle portait même un bustier couleur chair et tout à fait transparent qui soulignait la beauté parfaite de sa poitrine. La sortie de l’eau exige, aussi, d’évacuer le trop plein d’eau retenu par les vêtements. En général, les jeunes femmes le font en essorant leur jupe ou leurs pantalons face à la plage d’une manière rapide. Les mères essorent d’une manière plus consciencieuse leurs tenues, certaines se retournent face au large… exposant immanquablement leurs fesses. Ce comportement ne choque en aucune mesure.
Ces observations sont intéressantes car sur ces plages circonscrites, les tenues féminines sont très disparates. Elles s’étalonnent du bikini à la tenue noire complexe qui couvre l’ensemble du corps sauf le visage et une partie des pieds. Entre ces extrêmes vestimentaires se rencontrent les bikinis voilés, et surtout les variations des couleurs et des motifs des tenues complètes. Les fleurs se disputent aux motifs davantage abstraits. Une différence est remarquable entre les femmes âgées qui portent fréquemment des couleurs plus claires et bariolées, lorsque les plus jeunes sont plus souvent en tenues unies. Le bleu et le noir ont dans ce cas leurs faveurs, la sur tunique étant souvent jaune ou rose vif. Les franges et les paillettes sont plus rarement rencontrées. Les préceptes traditionnels ou religieux obligent tous et toutes à porter des vêtements plus amples et plus longs que ceux, courants sur les plages d’Europe par exemple. Seuls les rares touristes italiens arborent un slip de bain par exemple. Ils sont d’ailleurs l’objet de railleries de la part des Tunisiens, même lorsque leur plastique est irréprochable[2]. Leur démarche le long de la plage est remarquable. Elle tranche radicalement avec les démarches habituelles des autochtones ou des touristes tunisiens. Plus fondamentalement, les différences genrées sont importantes. Si sur la plage tunisienne, l’homme est torse nu, ce n’est jamais le cas de la femme. Pendant ces nombreuses heures d’observation nous avons relevé deux pseudo-monokinis. La première, touriste française avec son ami l’a tenté sur la plage la plus sauvage, le matin, lorsque la fréquentation est faible. Au bout de quelques minutes, elle a remis le haut sous la pression des regards des Tunisiens marchant le long du rivage. La seconde sur la Fatra est restée face à son transat, laissant uniquement au regard d’autrui son dos nu, évitant ainsi les marques blanches des bretelles… même si sur cette plage et les autres de cette localité, elle ne pourra montrer cette particularité. Surtout, les femmes plus âgées et les jeunes filles ne sont pas logées à la même enseigne. Ce qui est usuel chez les grands-mères, ne l’est plus ici comme ailleurs chez les plus jeunes. Reste qu’à la rareté de la présence des jeunes femmes non mariées sur les plages se combinent des variations sensibles de vêtements de bain. Rares sont dans ce coin faiblement touristique de la Tunisie, les jeunes filles en deux pièces seulement. Le plus souvent, elles portent par-dessus un voilage autour du bassin, accompagné ou non d’un débardeur. Ces ajouts permettent à sec la dissimulation des formes. Mouillés, ils fonctionnent comme les voiles et les tenues totalement recouvrantes. Ils soulignent plutôt qu’ils ne dissimulent les formes corporelles.
Il faut noter enfin que certaines tenues de plage ressemblent à s’y méprendre aux combinaisons haute technologie de la natation sportive. A ce titre, une seule personne observée arborait une tenue, floquée du logo d’une marque occidentale. Ce parallèle entre hyper modernité et tradition est étonnant… Pour autant, lorsqu’il s’est agit pour elle de se sécher, elle l’a fait en catimini ; les deux grands-mères qui étaient avec elle sur le sable évitaient soigneusement de croiser son regard pendant cette « manœuvre » où le corps est touché, indirectement, par textiles interposés.
Les contacts dissimulés
Même si le temps n’est plus à la séparation drastique des sexes, les contacts inter-sexes sont rarissimes. Ils sont très directement prohibés. Nous avons pu en faire l’expérience et provoquer la réaction d’un passant lors d’une étreinte amoureuse à peine esquissée. Ce comportement conjugal, courant en Occident, est ici particulièrement tabou. Il nous a été demandé par un homme de 50 ans de quitter la plage illico. Cette réaction isolée, il est vrai, contredit le leitmotiv de J.C. Kaufmann soulignant à maintes reprises que « la plage est tolérante » (1995, 56, 116), même s’il module lui-même cette assertion quelques pages plus loin (174). En Tunisie, cette assertion est manifestement moins légitime…
Nous nous sommes donc focalisés sur ces contacts. Ils sont quasi impossibles sur le sable. Une seule fois, nous les avons observés chez un couple de personnes âgées. Elle, entièrement voilée, avait des gestes de tendresse répétés envers son mari, mais aussi envers leur petit-fils qui les accompagnait. Cette grand-mère venait d’être présentée par l’un de nos informateurs comme l’une des rares personnes voilées respectable à ses yeux. Selon lui, elle n’avait rien à cacher, elle ne feignait pas une attitude en public qu’elle n’aurait pas par ailleurs. Sans ambages, elle s’est occupée à la fois de son mari et de son petit-fils, avec des contacts corporels récurrents : des baisers et des étreintes pour l’enfant, des touchers du bout des doigts sur le pied ou l’épaule de son mari. Les contacts avec le mari se sont réalisés sous le couvert d’un abri contre le vent, mais aussi ce qui est remarquable lorsqu’ils étaient tous les deux adossés aux rochers, exposés à la vue de tous. Elle a, ainsi, maintenu sa main sur son genoux de longues minutes, avec un plaisir partagé manifeste…
En dehors de ce cas unique, les contacts entre mari et femme, lorsqu’ils existent, se déroulent ailleurs. Sur la plage, ils sont rarissimes et exclusivement par conséquent dans et sous l’eau. Nous avons pu l’observer quatre fois en un mois, à raison de 6 heures par jour de présence, en moyenne, sur les plages. D’après nos observations, le couple attend en général la fin de journée lorsque les plagistes, et notamment les familles, quittent le lieu. Une fois, les comportements étaient très proches de ceux observables en Europe ; ils s’accompagnaient de jeux, l’homme portant même une fois la femme sur ses épaules, après l’avoir porté « en princesse ». Elle a commencé cet échange ludique dans l’eau en l’arrosant timidement, puis, ils se sont glissés progressivement jusqu’à avoir de l’eau jusqu’aux épaules. Dans les trois autres cas, nous avons assisté à un véritable bal de natation synchronisée où tout était mis en œuvre pour faire croire à l’assistance qu’il n’y avait pas eu de contacts sous l’eau. Le plus remarquable était le jeu de mains en dehors de l’eau. Régulièrement, l’homme sortait ses mains de l’eau, les paumes bien visibles… après un rapide contact sous-marin avec sa compagne. Il le faisait en balayant du regard la plage, et en s’écartant imperceptiblement de sa compagne. Or, la technique du « balayage visuel (est) une ruse habituelle pour masquer que l’on observe[3] ». Un œil averti repère immédiatement ce stratagème. A la sortie de l’eau le couple se tient parfois la main le plus longtemps possible. Lorsque le niveau de l’eau expose les mains, celles-ci se séparent prestement.
De la même manière et sans vouloir généraliser, il semble que les mères voilées limitent considérablement les contacts qu’elles peuvent avoir avec leurs jeunes enfants dès qu’elles sont sur la plage. Nous avons observé différentes scènes où les enfants insistaient beaucoup pour être pris dans les bras sans succès le plus souvent. Le port de l’enfant pour les voilées est courant pour les nourrissons, il l’est moins pour les enfants plus âgées (photos 5 et 6).
La peur d’être mal jugé est sans doute le ressort de ces comportements. Cette peur n’est pas propre à la Tunisie. Néanmoins, il apparaît clairement que la suspicion est omniprésente dans cette petite ville. Omniprésente entre Tunisiens qu’ils soient résidents permanents ou occasionnels, a fortiori lorsque certains d’entre eux sympathisent avec les rares étrangers présents. Le contrôle policier s’il apparaît superficiel au premier regard – les contrôles semblent à la fois sérieux et désabusés – est pourtant bigrement efficace. Les sorties en ville le soir sont toujours sous le regard des forces de l’ordre. Le contrôle social entre civils redouble cette présence policière qui contrôle surtout les routes. La plage n’échappe pas à ce contrôle social strict. Les relations inter sexes nous l’avons vu sont dissimulées. Elles répondent à des codes précis. C’est le cas des rendez-vous officiels entre un jeune homme et une jeune fille. La plage permet ces rencontres. Ainsi, le soir notamment vers 18h-19h, il est possible de rencontrer un « couple » de jeunes habillés comme s’ils étaient dans les rues de la ville (chaussures fermées, pantalons longs, cheveux gominés pour lui, attachés pour elle). Cette rencontre avec déambulation sous le regard des autres est la face émergée des relations inter sexes entre les jeunes gens. D’autres rendez-vous existent, mais ils demeurent dissimulés, voire secrets, y compris entre camarades très proches. La plage permet donc d’entrer en contacts avec des personnes extérieures à son quartier. Elle est aussi et surtout un lieu où les personnes s’exposent. Les jeunes adultes ne manquent jamais une occasion de regarder avec insistance les jeunes filles pré pubères ou pubères. Les sourires en coin, mais aussi les sifflements attestent qu’un approfondissement des relations est possible. Dans cette ville rurale, avec le doublement voire le triplement de la population l’été, les écarts à la norme sociale des relations intersexuées semblent tolérés. Pour autant, ils demeurent largement platoniques et de l’ordre de l’amusement verbal et visuel. Par contre, discuter avec une (vraie) étrangère s’avère improbable, voire risquée. Le contact avec des étrangers est régi par des limitations strictes, notamment pour les personnels de la sécurité civile (douanier) ou militaire[4]. Il faut des invitations officielles qui suivent des rencontres préalables entre les familles. Le jugement de l’autre (le copain, le voisin, la simple connaissance, etc.) est constant. La concurrence concernant l’hospitalité traditionnelle des pays du Maghreb joue à plein. Il s’agit de rester le plus longtemps possible, si possible de manger, puis de prendre le thé. Dans ces moments festifs, les différences de comportement entre hommes et femmes sont maintenues. Les entorses aux usages impliquent systématiquement des bouderies ; elles irritent les susceptibilités de tous. En ce sens, le voile cristallise cette division genrée : les femmes sont logiquement cantonnées à certaines tâches que ce soit à la maison, a fortiori en dehors d’elle.
Les plaisirs de la plage deviennent progressivement inconvenants à mesure de l’avancée en âge de la jeune fille pubère. Petit-à-petit ce lieu l’expose trop au regard des hommes en général. Les usages exigent qu’elle oriente et focalise l’attention d’un seul homme, son prétendant, et si tout va bien, son fiancé, qui deviendra éventuellement son futur mari. Nous avons observé plusieurs fois un père qui suivait sa jeune fille, voilée, à quelques mètres derrières elle. La jeune fille évitant soigneusement les lieux où des femmes en bikinis se trouvaient mais aussi les groupes de jeunes hommes. Le père ne perdait pas un des gestes de sa fille pour se frayer un chemin dans la foule. Dans ces conditions, difficile d’établir un dialogue entre eux, a fortiori avec quelqu’un d’extérieur…
En guise de conclusion provisoire
Au final, le parallèle avec les analyses des seins nus est prometteur. Demeure, au moins, deux différences fondamentales. Dans cette ville rurale et côtière, les femmes sont très loin de pouvoir agir à la fois selon leur humeur ou selon la situation (Kaufmann, 1995, 100). Les jeunes femmes ne peuvent véritablement écouter leur « petit cinéma intérieur » (p. 118). Leur envie de plage n’est pas aussi libre. Difficile pour elles de décider seules d’aller ou non sur telle ou telle plage, a fortiori d’y aller avec qui elles souhaiteraient. Surtout, le contexte varie peu sauf en ce qui concerne les différentes plages. Mais, la plupart des femmes n’ont probablement pas le choix de la plage.
Reste que les tenues de bain permettent de dévoiler les arcanes des usages balnéaires tunisiens dans le cadre d’une petite ville côtière, relativement préservé pour l’instant de l’engouement touristique. Elles engagent les femmes qui s’y rendent dans des mises en scène réglées au millimètre. Loin d’être libres de tout faire, elles sont contraintes à la fois par leurs vêtements et par ce que les autres, notamment les hommes attendent d’elles. Avec la puberté, et à l’approche du mariage, la pratique de la plage devient progressivement tabouée.
Une fois mariée et mère, les Tunisiennes de cette petite ville peuvent éventuellement aller à la plage. Toutes ne le font pas ! Le paradoxe est que les usages vestimentaires en cours leur permettent d’observer des hommes largement plus dénudés que la moyenne des femmes sur ce même espace. C’est un argument développé par l’un de nos informateurs qui considère d’une manière radicale que les femmes voilées ont l’occasion sur la plage de regarder les hommes dénudés, tout en répondant aux prescriptions vestimentaires leur interdisant de montrer leur corps. L’usage des nombreux voiles et tenues de bain intégrales révèlent aussi, une fois trempées, les morphologies féminines. Si les Occidentales ont les épaules, le ventre et les jambes dénudées, les Tunisiennes de cette petite ville sont davantage couvertes, mais l’immersion révèle leurs formes. A la culotte de l’Européenne réajustée prestement par un geste précis et efficace répond un réajustement des voiles qui couvrent le bassin et les fesses, enserrés par les tenues de ces Tunisiennes. In fine, la différence des vêtements de bain organise le façonnement social des comportements, des émotions, et finalement des désirs. L’absence de jeunes femmes pubères sur ces plages circonscrites conduit immanquablement à déporter les regards masculins sur les autres présences féminines : les mères et les très jeunes filles. Elle active et stimule l’intérêt des nombreux hommes présents…
Notes
[1] Les cadavres de bouteille de vin tunisien attestent cette version. Il n’est pas rare d’observer une voiture à l’arrêt avec des personnes sirotant leur bière à l’abri des regards.
[2] Un bodybuilder a, ainsi, été l’objet des quolibets de la part de jeunes tunisiens : sa démarche chaloupée à raison de ses muscles le distinguait aussi fortement des autres occupants de la plage… renforçant les regards sur son slip étroit rouge.
[3] Goffman, 1973. Cité par Kaufmann, 1995, 115.
[4] Le frère de nos amis les plus proches s’est vu interdire par sa mère de nous accompagner lors d’une visite sur un site archéologique proche en raison de son statut de militaire actif.
Bibliographie
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