L’UNSS a organisé des tables rondes, lundi à la salle Henri-Pourrat à Ceyrat, autour de trois grands thèmes sur des questions d’éthique dans le sport : l’homophobie, le racisme et la place des femmes.
Les directions nationale et régionale de l’Union nationale du sport scolaire (UNSS) ont organisé, lundi à Ceyrat, en parallèle des championnats du monde scolaires de tennis de table, une journée de débats sur le thème « l’éthique dans le sport : une question d’éducation ? ».
La vice-présidente du Conseil régional chargée des Sports, Anna Aubois, rappelait à juste titre que « le sport ne pouvait être exemplaire dans une société qui ne l’est pas ». Des propos d’autant plus vrais à l’aune des témoignages apportés sur les problèmes d’homophobie dans le sport, lors de la table ronde qu’elle présidait.
Les Fédérations ferment les yeux
Porte-parole du Paris Football Gay, Jacques Lizé, annonçait des chiffres édifiants : « 40 % des footballeurs professionnels se disent homophobes, contre 20 % de la population. Cela monte à 51 % dans les centres de formation. » Une étude multisports menée en Aquitaine dévoile « 50,6 % de pratiquants homophobes », ajoutait Michael Bouvard, référent sport de SOS Homophobie.
Pour exemple, l’insulte homophobe s’est banalisée dans les stades de la part des supporters et des sportifs eux-mêmes. Des lycéens et étudiants présents avouaient entendre ou employer des termes tels « passe de PD » naturellement, sans arrière-pensée.
Si le sociologue rennais Stéphane Heas admettait « l’impunité totale des agresseurs », Jacques Lizé reprochait aux fédérations de ne pas s’engager, voire de fermer les yeux. « Puisqu’aucun joueur ne se dit homo, elles ne s’adressent qu’aux hétéros », renchérissait Michael Bouvard. Tous déploraient et réclamaient une « formation des éducateurs » désarmés face à ces problématiques.
Mis au ban, les sportifs rejoignent les activités de la Fédération sportive gaie et lesbienne. « Une fédération ouverte et conviviale qui leur permet de se réapproprier le sport. Mais on ne doit pas se contenter de cela », reconnaissait Marc Naimark, vice-président des Gay Games, qui abordait la question du coming out des sportifs de haut niveau, « souvent à l’issue de leur carrière ».
« Ceux qui le font avant se disent ensuite meilleurs sportifs, alléguait-il. Aux États-Unis, les annonces du basketteur NBA Jason Collins et d’autres n’ont pas eu d’incidences néfastes. Ce n’est pas noir ou blanc, c’est peut-être à la société de créer le contexte pour que les sportifs ne se cachent plus. Je pense que la France est prête. »
Une affirmation que les autres acteurs du débat battaient en brèche à l’instar de Stéphane Heas : « Il y a un risque financier, social. Les sportifs homosexuels préfèrent jouer les hétérosexuels à outrance, ce qui les pousse parfois à la schizophrénie. » Un triste constat qui prouve que le chemin est encore long.
Vivian Massiaux et Hugo Borrel
09/04/14 lamontagne.fr